Vision nocturne, vision thermique et optique multi-spectre : quelles différences et quel choix pour la chasse ?
La chasse de nuit est une pratique encadrée en France, principalement autorisée pour la régulation des espèces nuisibles comme le sanglier ou le renard. Pour maximiser l’efficacité et la sécurité de cette chasse spécifique, l’utilisation de dispositifs de vision nocturne et thermique s’est largement démocratisée ces dernières années. Ces technologies offrent un avantage considérable en permettant de repérer le gibier dans l’obscurité, d’améliorer la précision du tir et de limiter les risques de confusion avec d’autres espèces.
Trois grandes catégories de dispositifs optiques sont aujourd’hui utilisées par les chasseurs français : la vision nocturne, qui amplifie la lumière ambiante pour offrir une image claire en faible luminosité, la vision thermique, qui détecte la chaleur corporelle des animaux et permet une détection efficace même en milieu boisé, et enfin l’optique multi-spectre, qui combine les avantages des deux premières pour une visibilité optimale en toutes conditions.
Toutefois, la réglementation française est stricte quant à l’usage de ces technologies. L’emploi des lunettes de vision nocturne et thermique est interdit pour la chasse traditionnelle, mais il peut être autorisé sous dérogation préfectorale, notamment pour le prélèvement des espèces classées nuisibles. Il est donc essentiel de bien se renseigner sur la législation en vigueur dans son département avant d’investir dans un équipement de ce type.
Dans cet article, nous vous guidons à travers les différentes technologies adaptées à la chasse nocturne en France, en détaillant leur fonctionnement, leurs avantages et leurs limites. Que vous soyez un chasseur régulateur ou que vous souhaitiez simplement comprendre l’intérêt de ces dispositifs, vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour faire le bon choix.
1. La vision nocturne : amplification de la lumière ambiante.
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Un chevreuil capturé grâce à un dispositif de vision nocturne, mettant en évidence les détails du paysage et de l'animal dans une obscurité totale. Idéal pour l'observation discrète de la faune ou la chasse à l'affût sous réglementation stricte en France.
Comment fonctionne la vision nocturne ?
La vision nocturne repose sur un principe simple : elle amplifie la lumière ambiante (lumière des étoiles, de la lune ou infrarouge résiduel) pour offrir une image plus claire dans des conditions de faible luminosité. Grâce à un tube intensificateur d’image, les photons sont transformés en électrons, puis réamplifiés et reconvertis en photons lumineux. L’image obtenue est généralement en nuances de vert ou en noir et blanc, avec une netteté permettant d’identifier les formes et les reliefs. Les différentes générations de vision nocturne : quelles évolutions et quelles différences ?La vision nocturne est classée en plusieurs générations (Gen), allant de la Gen 1 à la Gen 3. Ces générations définissent la qualité de l’image, la portée et les performances globales du dispositif. Chaque avancée technologique apporte des améliorations significatives en matière de luminosité, de clarté d’image et de durabilité. Voici un tour d’horizon des différentes générations et leur pertinence pour la chasse.
L'évolution de la vision nocturne au travers des différentes générations.
Génération 0 (Gen 0) : Les débuts de la vision nocturne.
Introduite en 1939, la Gen 0 représente les premiers dispositifs de vision nocturne utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces appareils fonctionnaient par "conversion d'image", transformant une scène sombre en une image visible. Ils nécessitaient une source de lumière infrarouge active pour illuminer la zone observée, souvent intégrée ou montée à proximité du dispositif. En raison des limitations technologiques de l'époque, leur utilisation était restreinte et les performances limitées.Génération 1 (Gen I) : Améliorations initiales
Dans les années 1960, durant la guerre du Vietnam, des dispositifs tels que les AN/PVS-2 et AN/PVS-4, surnommés "Starlight Scopes", ont été introduits. Ils utilisaient une série de trois tubes intensificateurs d'image connectés pour produire une image utilisable. Cependant, ces systèmes étaient volumineux et lourds. Les dispositifs Gen I offraient une image claire au centre, mais présentaient une diminution de la luminosité ou une distorsion de l'image sur les bords.Génération 2 (Gen II) : Avancées significatives
Dans les années 1970, la Gen II a introduit la plaque à microcanaux (MCP) comme multiplicateur d'électrons. Cette innovation a permis d'améliorer les performances des dispositifs sans nécessiter de tubes connectés en série. Les appareils sont devenus plus compacts, adaptés à une utilisation manuelle ou montés sur casque, comme l'AN/PVS-5.Génération 3 (Gen III) : Performances optimisées
Dans les années 1980, des avancées dans la technologie des photocathodes et l'ajout d'un film de barrière ionique ont amélioré les dispositifs Gen III. Ces améliorations ont permis une meilleure utilisation en faible luminosité et une durée de vie prolongée des unités. Des modèles emblématiques tels que l'AN/PVS-7B et l'AN/PVS-14 ont vu le jour. Aujourd'hui, les progrès continuent d'améliorer les performances des unités Gen III, avec des fonctionnalités telles que des tubes articulés, tout en s'appuyant sur la conception des éléments de l'AN/PVS-14.Chaque génération a apporté des améliorations notables en termes de clarté d'image, de portée et de durabilité, rendant les dispositifs de vision nocturne de plus en plus efficaces et accessibles pour diverses applications, y compris la chasse.
Comment les optiques nocturnes sont arrivées au sein des sessions de chasse ?
L’introduction des optiques nocturnes dans la chasse a été une conséquence directe des avancées militaires et technologiques. Initialement conçus pour les opérations de surveillance et les manœuvres militaires en faible luminosité, les dispositifs de vision nocturne ont rapidement suscité l’intérêt des chasseurs, notamment pour la régulation des espèces nuisibles. En France, ces technologies ont trouvé leur place principalement dans le cadre de la lutte contre les populations croissantes de nuisibles comme le sanglier, dont l’activité nocturne cause d’importants dégâts agricoles.Avec le temps, l’amélioration des performances et la miniaturisation des équipements ont permis aux chasseurs de bénéficier d’appareils plus légers, plus précis et adaptés à une utilisation civile. Les modèles portables ou montés sur une arme offrent désormais une portée suffisante pour détecter un animal dans l’obscurité totale, tout en garantissant une identification claire du gibier. Cependant, en France, l’utilisation de ces dispositifs reste strictement encadrée par la réglementation. Leur usage est réservé à la régulation sous dérogation préfectorale, mettant en lumière leur rôle crucial dans la chasse ciblée, tout en limitant les abus pour protéger les espèces non nuisibles. Aujourd'hui certains dispositifs, appelés clip-on, permettent d'upgrader une lunette de chasse classique en vision nocturne en venant se placer devant l'objectif de la lunette de chasse. Une simple manœuvre permettant de passer de la vision naturelle à la vision nocturne en quelques secondes.
Ainsi, bien qu’initialement conçues pour répondre à des besoins militaires, les optiques nocturnes se sont imposées comme un outil indispensable pour les chasseurs engagés dans la gestion des écosystèmes et la protection des cultures.
Le Clip-on FD1 de Pard : Se pose devant l'objectif d'une lunette de chasse traditionnelle afin de pouvoir l'utiliser en vision nocturne.
2. La vision thermique : détection de la chaleur.
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Une scène capturée par une caméra thermique montrant un cerf parfaitement visible grâce à sa signature thermique, malgré l'obscurité et la végétation environnante. Cette technologie met en évidence les zones chaudes en rouge et jaune, offrant aux chasseurs une détection précise du gibier, même dans des environnements complexes.
Comment la vision thermique capte la chaleur ?
La vision thermique, bien qu’exploitée aujourd’hui avec des technologies avancées, repose sur des découvertes fondamentales datant du 19ᵉ siècle. Parmi les figures scientifiques marquantes ayant contribué à la compréhension des rayonnements infrarouges, John Herschel occupe une place de choix. Ce célèbre astronome et physicien britannique, fils de William Herschel (découvreur de l’infrarouge en 1800), a approfondi les travaux de son père, ouvrant la voie à de nombreuses applications modernes, dont la vision thermique.
En 1840, John Herschel fut le premier à expérimenter une méthode pour visualiser l'invisible, en capturant les rayonnements infrarouges à l’aide d’un procédé photographique qu’il appelait la thermographie infrarouge primitive. Ces travaux portaient sur l’observation des spectres lumineux et les propriétés calorifiques des rayonnements non visibles. Il démontra que ces rayonnements, bien que non perceptibles par l’œil humain, pouvaient produire des effets tangibles, comme la chaleur, et être enregistrés avec des instruments sensibles. Herschel introduisit également l'utilisation de solutions chimiques pour révéler ces empreintes thermiques, un précurseur des capteurs modernes qui traduisent les rayonnements infrarouges en images.
Ce travail de pionnier a jeté les bases pour le développement de technologies permettant de capter et de visualiser les rayonnements infrarouges. Si les applications militaires et industrielles de la vision thermique sont devenues évidentes dès le 20ᵉ siècle, c'est grâce aux découvertes fondamentales de chercheurs comme John Herschel que nous comprenons mieux le comportement de la lumière et de la chaleur.
En ce qui concerne la chasse, la technologie thermique découle directement de cette compréhension de la nature infrarouge. Aujourd’hui, les optiques thermiques permettent aux chasseurs de "voir" la chaleur émise par les animaux, exploitant ce que Herschel a démontré il y a près de deux siècles : la chaleur et la lumière invisibles peuvent être détectées et transformées en données visuelles. Les travaux de Herschel témoignent ainsi de l’importance des sciences fondamentales dans les innovations technologiques modernes qui transforment des domaines aussi variés que l’astronomie, l’armée et la chasse.
Avantages et limites de la vision thermique.
De manière générale, la vision thermique offre des avantages considérables dans de nombreux domaines, allant de la sécurité à la chasse, en passant par les applications industrielles et militaires. L’un des principaux atouts de cette technologie réside dans sa capacité à fonctionner dans l’obscurité totale, indépendamment de la lumière ambiante. En captant les rayonnements infrarouges émis par les objets et les êtres vivants, elle permet de visualiser clairement les différences de chaleur, même dans des conditions météorologiques difficiles comme le brouillard, la pluie ou la fumée. Contrairement à la vision nocturne, qui peut être affectée par des lumières vives ou par l’absence totale de lumière, la vision thermique reste fiable et cohérente dans presque tous les environnements. Elle est particulièrement utile pour repérer des cibles dissimulées, telles que des animaux dans des broussailles denses, ou pour localiser des objets qui émettent une signature thermique.Cependant, cette technologie a aussi ses limites. Bien qu’elle excelle dans la détection des sources de chaleur, elle ne fournit pas les détails précis d’une scène, contrairement à la vision nocturne. L’image produite par un dispositif thermique est souvent moins claire, avec des contours approximatifs et des teintes de couleur (noir, blanc ou spectre coloré) qui ne permettent pas une identification visuelle fine. Par exemple, si la vision thermique permet de détecter un corps chaud à distance, elle peut avoir du mal à différencier un sanglier d’un autre animal de taille similaire si le contour n’est pas distinct. En outre, le coût des appareils thermiques est généralement plus élevé que celui des dispositifs de vision nocturne, ce qui peut représenter une barrière pour certains utilisateurs. Enfin, leur usage peut être limité par la réglementation, notamment dans le cadre de la chasse.
Dans le contexte de la chasse
Pour les chasseurs, la vision thermique représente une avancée technologique révolutionnaire. Elle permet de localiser des animaux même dans des environnements où ils seraient autrement invisibles, comme dans des sous-bois denses, derrière des feuillages ou à longue distance, de nuit comme de jour. Cela en fait un outil particulièrement utile pour la chasse aux nuisibles, tels que les sangliers, qui sont souvent actifs la nuit et difficiles à repérer avec d’autres méthodes. En offrant une détection rapide et fiable, elle améliore les chances de repérer un gibier, même dans des conditions météorologiques difficiles ou dans des zones complexes. Cela permet non seulement d’optimiser l’efficacité des sessions de chasse, mais également de réduire les risques d’erreur, en évitant les tirs sur des animaux non ciblés.Cependant, les limites de la vision thermique se manifestent également dans ce contexte. La précision relative des images thermiques peut compliquer l’identification d’un animal, notamment pour déterminer son espèce ou son sexe, ce qui est essentiel dans certaines pratiques de chasse. Par exemple, un chevreuil et un renard peuvent parfois apparaître similaires sur un dispositif thermique à longue distance. De plus, le coût élevé des équipements thermiques, ainsi que leur consommation énergétique plus importante, peut décourager les chasseurs amateurs ou occasionnels. Enfin, en France, l’utilisation de dispositifs thermiques est réglementée et leur usage est généralement réservé à des opérations spécifiques, comme la régulation des espèces nuisibles, sous dérogation préfectorale. Ces limitations légales nécessitent donc une vigilance particulière avant leur acquisition et leur emploi sur le terrain.
En résumé, la vision thermique est un outil puissant et polyvalent qui, malgré ses contraintes, transforme profondément les pratiques de chasse modernes en améliorant la détection et l’efficacité, tout en demandant une certaine expertise et un investissement conséquent.
3. Les Optiques Multi-Spectres : Une Fusion Technologique au Service des Chasseurs.
Optique Pard Landsat Compact posée en environnement naturel, équipée de capteurs multi-spectre pour vision nocturne et thermique, idéale pour l'observation et la chasse de précision.
Les optiques multi-spectres représentent une avancée majeure dans l’équipement des chasseurs et des tireurs sportifs, en combinant différentes technologies de vision dans un seul dispositif. Contrairement aux équipements classiques qui reposent sur une seule technologie, ces optiques permettent de basculer instantanément entre plusieurs modes d’observation, s’adaptant ainsi aux conditions changeantes du terrain et de la luminosité.
L’intérêt principal d’une optique multi-spectres réside dans sa capacité à fusionner les données issues de différentes sources visuelles. Un chasseur peut ainsi superposer les informations de la vision thermique et de la vision nocturne, obtenant une image optimisée qui associe la détection des signatures thermiques et la clarté des détails de l’environnement. Certains modèles permettent même d’ajuster le niveau de fusion entre ces différentes vues, offrant ainsi une grande flexibilité selon les besoins spécifiques du terrain.
Pourquoi choisir une optique multi-spectres pour la chasse ?
Dans un contexte de chasse, notamment pour la régulation des nuisibles comme les sangliers, l’optique multi-spectres offre un avantage considérable. Elle permet d’identifier clairement le gibier dans des environnements complexes, où un simple dispositif thermique pourrait manquer de précision dans l’identification et une simple vision nocturne pourrait ne pas détecter un animal dissimulé derrière un obstacle naturel. Grâce à la fusion des données, le chasseur bénéficie d’une image plus détaillée et plus fiable, réduisant ainsi les risques d’erreur d’identification avant le tir.De plus, ces optiques intègrent souvent des fonctions avancées telles qu’un télémètre laser pour mesurer avec précision la distance de tir, une boussole numérique pour l’orientation en milieu ouvert, et parfois des capteurs environnementaux renseignant sur la température, la pression atmosphérique ou l’humidité. Cette combinaison d’outils en fait un équipement de choix pour la chasse exigeante, où chaque détail peut influencer la réussite d’une sortie.
L’optique multi-spectres s’impose ainsi comme une solution polyvalente et performante pour les chasseurs souhaitant maximiser leur efficacité, quel que soit le terrain ou les conditions de luminosité. En associant détection thermique, vision nocturne et outils de précision, elle permet une prise de décision rapide et une adaptation immédiate aux conditions de chasse, offrant une expérience plus sûre et plus maîtrisée.
Conclusion : Quelle technologie choisir pour la chasse ?
La vision nocturne, la vision thermique et les optiques multi-spectres offrent aux chasseurs des solutions adaptées à différents besoins et environnements. La vision nocturne est idéale pour une observation détaillée en faible luminosité, permettant une identification précise du gibier. La vision thermique, quant à elle, excelle dans la détection des animaux, même en milieu boisé ou dans l’obscurité totale, en identifiant leur signature thermique. Enfin, les optiques multi-spectres combinent ces technologies pour offrir une visibilité optimale en toutes circonstances, avec des outils avancés tels que les télémètres et les capteurs environnementaux.Le choix entre ces technologies dépendra avant tout de l’usage recherché. Pour une chasse à l’affût dans des zones dégagées, la vision nocturne peut suffire. Si l’objectif est de repérer du gibier dans des conditions difficiles, la vision thermique s’avère plus efficace. Enfin, pour les chasseurs exigeants évoluant dans des terrains variés et changeants, l’optique multi-spectres représente la solution ultime.
Toutefois, il est essentiel de rappeler que l’utilisation de ces dispositifs est strictement encadrée par la réglementation française, notamment pour la régulation des nuisibles. Avant tout achat, il convient donc de se renseigner sur les autorisations en vigueur dans son département.
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